- Je ne sais trop comment me comporter avec toi, avoua-t-elle. Tu as ta vie et je ne peux pas te la prendre. Tu es un chevalier, tu as le désir de réhabilité l'ordre, de protéger les faibles, et ainsi de suite... Néanmoins, je me sens affreusement seule. J'ai du mal à changer ma conception des choses : je viens d'ailleurs, je suis dans un autre monde ; c'est usant mais je n'arrive pas à me le sortir de la tête. Tu es le seul à savoir ça. Qu'est-ce que je vais faire quand tu ne seras à nouveau plus là ?
Elle s'interrompit. Lambert en profita pour se redresser et lui répondre.
- Premièrement, je ne t'ai pas retrouvé pour te laisser tomber tout de suite après. J'étais inquiet de ce que tu pouvais devenir et j'ai mis énormément de temps à retrouver ta piste. Deuxièmement, un chevalier n'est pas complètement au service du Roi, nous avons notre liberté. Avant, nous étions plutôt des sortes de mercenaires. Nous sommes redevenus une vraie communauté, mais certains continuent à ne vouloir en faire qu'à leur tête. Et troisièmement, qu'est-ce qui t'empêche de mettre tout en œuvre pour partir de ce monde ?
Il t'appartient.
- La peur de la vérité, murmura Joanne.
Dehors on entendit la grêle tomber. Elle cognait contre les volets et contre la façade de l'auberge.
- Et si je retourne dans mon monde et que celui-là me manque ? Si j'apprenais que ce monde-là n'était en fait qu'un rêve ? Si j'apprenais quelque chose d'encore plus effroyable qui touche tous les mondes qui puissent exister ?
- Tu es trop paradoxale Joanne... finit par lâcher Lambert, un peu perdu.
Joanne ne dit plus mot. Elle était encore plus désemparée et elle sentait que les choses n'avançaient pas.
- Je vais te proposer quelque chose, ajouta-t-il pour l'aider à sortir de cette conversation. Nous allons arriver à la capitale ; peut-être qu'on va trouver quelque chose, un indice sur ton génie. Si c'est le cas, on verra où cette piste nous mène. En attendant, je pense que les prochaines missions qui nous seront assignées t'occuperont suffisamment l'esprit pour t'éviter de penser à ta situation.
Joanne se retint de rire.
- Tu es tellement simpliste Lambert ! Tu crois qu'il suffit de pas grand-chose pour que tout s'arrange ?
- Moi aussi, je me sens seul. Mais j'essaye de ne pas y penser, j'essaye de remédier à mon problème. Depuis que tu m'a fait partagée ta vie, ce n'est plus ton problème, c'est le nôtre.
C'était fait, il l'avait dit. Il ne voulait pas avouer à Joanne qu'il se sentait aussi dépendante d'elle et qu'il avait du mal à vivre sans repenser sans cesse à elle. Parce qu'elle était la dernière personne avec qui il avait partagé tant de choses. Parce qu'elle était fragile. Parce qu'il ne voulait pas la voir partir.
- Notre problème ? Je ne vois pas en quoi...
- Maintenant essaye donc de dormir au lieu de me prendre la tête, lui lança-t-il en s'énervant et en se recouchant. Et arrête de penser que tu es seule, bon sang !
Joanne entendit le bruit des couvertures qui bougeait, puis plus rien. Elle sourit pour elle-même et se tourna pour tenter de s'endormir.
Les mystères de l'amour et ses non-dits si révélateurs... lool, bien écrit!
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