samedi 4 octobre 2014

Le monde fantôme


Raptor forever

   Je vais vous parler d'un film qui m'a bouleversée. Sans rire. J'ai téléchargé ce film il y a une semaine environ, sur un coup de tête (ou un article random de Madmoizelle.com). Je l'ai regardé 3 fois, sans compter les revisionnages de passages juste pour le fun. Et je crois que je pourrais le regarder encore et encore et encore. Sans vouloir me la raconter, je crois que ce film va devenir mon film culte. Le genre de film qu'on parle à tout le monde, quitte à faire chier les gens qui nous entendent reprendre des répliques à longueur de temps ; le genre de film qu'on regarde à nouveau les longues soirées d'hiver, ou d'été, ou quand on veut en fait ; le genre de film qu'on pourrait citer dans notre copie de philo tellement on veut montrer qu'on l'aime.
   Ce film, c'est Ghost World.

"Chouette, elle va encore parler de trucs idiots dont on se fiche !"

   Ghost World a été réalisé par Terry Zwigoff à partir d'un comic de Daniel Clowes. D'illustres inconnus, me direz-vous. C'est pas tout à fait faux, surtout que l'un est le réalisateur officiel de l'autre et lui adapte tous ses comics en film. Il est sorti en 2001 et fait aujourd'hui délicieusement rétro.
   Dedans, on voit Enid/Thora Birch et Rebecca/Scarlett Johansson (qui fait tellement bien la midinette blasée sorti du lycée), deux jeunes filles cyniques et peu intégrées qui sortent du lycée pour entrer dans la "vraie vie". Sauf que la vraie vie pour elles, c'est plutôt aller faire des blagues téléphoniques, suivre des gens bizarres dans la rue et errer dans la rue entre le loueur de cassette et le Diner's le plus proche. Enid va rencontrer Seymour/Steve Buscemi (qui a toujours des rôles tordants et qui lui vont bien) et s'attacher à lui, bien plus qu'elle ne le pensait.
   Ce film raconte le passage difficile de l'adolescence à l'âge adulte, avec le refus de s'intégrer, de grandir, et l'admiration de rencontrer des gens différents des "loosers" habituels.

Un petit air de Daria parfois

La prof d'art plastique : un cliché indémodable

   Ce film n'est pas juste bien. Ce film est excellent parce qu'il est terriblement juste, et surtout parce que sa fin est terriblement ambiguë. J'ai envie de dire que le film se finit mal, parce que mon côté fleur bleue aime voir des belles fins de film qui concluent. Mais finalement, ce film dégage une bonne grosse dose de mélancolie, assaisonné par un humour cynique, parfois enfantin.
   On a des tas d'histoire sur le sujet. Mais souvent on retrouve trop des clichés de film américain qui montre une adolescence typique, un déroulement sans surprise. Là ce n'est pas le cas, on pourrait très bien être Enid, autant qu'on peut être Rebecca.

   Rétrospective sur les personnages :

Le changement c'est nul

   Enid m'a d'abord fait penser à Daria.

"Ok, je suis blasée, mais vous avez vu au milieu de quoi je dois vivre ?"

   Enid est blasée, cynique et sarcastique sur tout ce qui l'entoure. Elle aime le rock indien des années 80 et les robes des années 60. Mais Enid est surtout encore enfantine : elle s'extasie quand elle entre dans un sex-shop pour la première fois et elle met des t-shirts de geek qui cachent ses formes généreuses.
   Elle sait ce qu'elle ne veut pas, mais elle ne sait pas ce qu'elle veut. Elle ne veut pas travailler, mais elle ne veut pas non plus habiter avec sa copine Rebecca. Elle se trouve un genre de mentor (même si les rôles de maître/élève sont pas très clairs), qui se trouve être un adulte geek célibataire dans toute sa splendeur qui collectionne les vieux vinyles et qui ne veut pas se mêler aux autres.
  
   Enid est géniale. J'ai eu autant envie d'être à sa place qu'envie de la frapper parce qu'elle m'agaçait. Mais elle ne sait jamais exactement ce qu'elle veut, et c'est ce qui fait que le thème du film est intemporel.

L'adolescente classique au look punk

La jeune adulte qui joue à plaire et qui s'amuse

   Surtout, Enid n'est pas un cliché, parce qu'elle n'est pas coincée. Elle n'est pas mal à l'aise avec les gens, et comme toute bonne adolescente américaine, elle a l'air de s'être fait dépuceler et d'avoir connu des relations. Elle se maquille, elle s'habille avec des styles totalement différents (comme n'importe quel gens dans la vraie vie, je veux dire, qui n'a que des vêtements d'un même et unique style ?).
   Enid c'est moi, et en même temps n'importe quelle jeune fille qui sort du lycée, qu'elle soit américaine, française ou polonaise.

   Après, c'est sans doute parce que je suis le public cible de ce genre de film que je l'ai tant aimé. Je ne doute pas qu'un cinquantenaire ne soit pas forcément touché par ce film. Ou alors il pourrait se dire "Youpi, j'ai vu Scarlett Johansson jeune dans un de ses premiers rôles" (j'avoue, c'est un peu ce que je me suis dit au début aussi).

   Mais j'ai un autre argument pour que vous voyez ce film :


(=ma réaction quand j'ai vu le film la première fois)

   La BO du film est magnifique. Ce que vous venez d'entendre, c'est le disque que Seymour vend à Enid la première fois qu'ils se rencontrent. C'est l'image même de ce film : lourd, mélancolique, comme une balade à laquelle on ne pourrait pas s'empêcher de penser. Les notes de piano qui ponctuent les déplacements des personnages donnent une légèreté qui contraste le côté sérieux du film. C'est triste, mais c'est aussi émouvant.




Ma tête quand la fin du film est arrivée.

   Je ne peux décemment pas vous raconter comment se conclut Ghost World. Je veux que vous soyez aussi bouleversés que moi quand je l'ai vu, je veux voir vos rêves et vos espoirs s'effondrer... Nan, la fin arrive plutôt comme la fin d'un très bon film. Tu sais comment ça va finir, et un paradoxe fait que tu as envie que ça se termine autrement, parce que tu as un coeur, mais tu as aussi envie que ça se termine comme ça, parce que c'est comme ça que ça doit se finir. Et ça finit. Et là tu te dis que tu vas finir ce pot de crème glacée qui traine dans ton congélateur et que tu vas te repasser le film encore une fois, parce que tu ne veux pas que ça se termine comme ça, et que tu ne veux pas que ça se termine tout court. Tu as envie de retrouver ton adolescence perdue, de faire des choses bêtes et impulsives, de te teindre les cheveux, de manger du milkshake, d'écouter un disque encore et encore et d'être bourré et de faire des choses folles.
(ok, là c'est le moment où je pars en vrille et où il est temps de conclure cet article)


  

   Le film est quand même tiré d'un comic qui raconte plus des tranches de vie plutôt qu'un scénario avec un fil conducteur. Le style est un peu rebutant, mais j'aimerais bien voir ce que ça donne (et je suis sûre que vous aussi maintenant).
  
   Je ne peux pas résister de vous mettre la chanson qui sert de scène introductive du film.
   Enjoy.

 


1 commentaire:

  1. Bon, bah voilà, je vais le télécharger, tu m'as donné envie !

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