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Pardonnez-moi cette affreuse banderole publicitaire |
Je comptais aujourd'hui vous parler de l'adaptation cinématographique de la nouvelle
1408 de
Stephen King, mais aussi de l'écrit original. Mais bon, comme je n'ai que des images du film (
logique, vous voudriez des images des mots ?), je vais QUAND MEME parler de la nouvelle.
1408 est tiré du recueil
Tout est fatal, recueil dans lequel on trouve quelques nouvelles appréciables de l'auteur. Des petites histoires sympatoches, vous voyez. Non pas que je n'ai pas de respect pour le genre de la nouvelle, mais Stephy est plus doué à mon goût pour le roman.
Mike Enslin est un écrivain connu pour avoir écrit des récits sur des lieux soi-disant hantés après les avoir explorés. Bien évidemment, Mike ne croit une seule seconde aux histoires de fantômes, mais il donne à ses lecteurs ce qu'ils veulent entendre. Il va donc voir la chambre 1408 de l'hôtel Dolphin à New York (un grand hôtel luxueux, rien à voir avec un lieu hanté). Il passe un moment avec le directeur M.Olin, lui répétant qu'il ne devrait pas y aller sinon il devra nettoyer derrière lui (ah pardon, je dérive sur le film) sinon il mourra (ou pas) dans d'atroces souffrances. Enfin, il va pour passer la nuit dans la-dite chambre, assisté de son précieux magnétophone.
C'est une très bonne nouvelle de mon point de vue pour 2 raisons :
- La première est que la moitié du récit se passe avec Olin en train de raconter ce qu'il s'y est déjà passé et à parler un peu de la pluie et du beau temps. Ce qui signifie que ses paroles ont pu influencer Mike sur ce qu'il a vu, et on maintient le doute sur son état psychologique (
mais pas trop longtemps, on sait que c'est Stephy qui a composé ça).
- La deuxième est que les manifestations de la chambre sont d'abord très subtiles et ensuite elles réveillent ce fameux sentiment d'impuissance face à l'horreur que nous connaissons si bien. La plupart des choses que Mike voit se limitent à la porte bancale, qui redevient droite, les tableaux qui changent, la chambre qui semble se fondre sur elle-même, le menu où il n'est jamais écrit la même chose... Ce sont des impressions qui, mises bout à bout, peuvent bien sûr nous rendre dingue, si tant est qu'elles sont réelles. Et puis les murs craquent et décèlent un genre de... monstre qui pourrait sortir d'un moment à un autre.
La
fin reste attendue : Mike met le feu à sa chemise (
sans qu'il ne sache sans qu'on ne sache vraiment pourquoi) et la chambre le laisse sortir. Un voisin éteint les flammes et il se jure de ne plus jamais écrire.
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On sait que ça fait peur |
Maintenant, le
film.
L'idée de base reste la même. On voit d'abord Mike inspecter une chambre soi-disant hantée, il ne se passe rien, puis une séance de dédicace où il annonce presque d'emblée que tout ça, c'est du
pipeau (
alors que dans la nouvelle, il le cache, ça fait mieux marcher les ventes). Retour à
L.A. où il mène une vie de rêve à faire du surf (
je savais pas que la vie d'écrivaillon rapportait autant), et où il regarde des brochures qu'on lui envoie de tous les hôtels craignos. Là il trouve la brochure de l'
hôtel Dolphin, il est intrigué et il y court. Mais ce qu'on apprend d'ors-et-déjà en aparté, c'est qu'il avait une vie à New York, une famille, des canaris, on ne sait pas, mais ça sera sûrement important pour la suite.
Discussion avec un M.Olin/
Samuel L Jackson, qui lui interdit d'aller dans la chambre, mais cette fois il a plus l'air menaçant que suppliant (
le bon M.Olin du livre a réellement peur d'emmener un homme à la mort, Samuel Jackson a juste pas envie de se retrouver avec un nouveau cadavre sur les bras). Photos des anciens morts, blabla, et ENFIN, Mike se retrouve devant la chambre après avoir tourné et tourné pour la trouver.
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Hehe, je suis méchant. |
Petit
suspense, puis Mike se met à l'aise, ouvre la fenêtre, et blablate dans son magnétophone. Tout va bien, jusqu'à ce qu'enfin, des chocolats apparaissent sur l'oreiller et le papier toilette est tout plié de manière rigolote (
sympa pour un fantôme).
Je ne vais vous refaire tout le film mais vous apporter les infos condensées. On trouve de tout dans ce que voit Mike : des fantômes qui sautent par la fenêtre, la fenêtre qui tombe sur ses doigts ou qui manque de le coincer dehors, trop de chaleur, trop de froid, le technicien qui ne veut pas rentrer dans la chambre, les tableaux de travers (
enfin un rapport entre la nouvelle et le film), le réveil qui indique 60 minutes avant
l'apocalypse la libération on ne sait pas quoi, le robinet qui disjoncte, les douches anti-incendie qui disjonctent, l'inondation, Mike qui croit être sorti mais c'est pas vraiment vrai, etc... Pour finir quand même sur le leitmotiv du
feu, un cocktail molotov et la chambre meurt, et Mike sort grâce aux pompiers.
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Non, PAS LA BOUCHE D'AERATION |
Ah, ce que j'ai omis de mentionner et ce qui à mon sens gâche le film d'horreur qui devient un film de drame psychologique, c'est qu'on apprend que Mike a abandonné sa femme après la
mort de sa fille par un cancer. Les infos arrivent par l'intervention de la chambre, soit dans la télé, soit en hallucination. Du coup, tout prend un nouveau sens. Mike ne se pardonne pas d'avoir laissé mourir sa fille, se sent trahi par la mort et refuse de croire aux fantômes et à la vie après la mort. La chambre est juste une image projetée de son subconscient. Voilà, fin de l'histoire.
Le film penche entre phénomènes fantastiques et problèmes psychologiques sentimentaux, ce qui donne quelque chose d'
hybride et de pas très abouti. Dans la nouvelle, il y avait réellement une horreur qui se cachait dans les murs et qui était prêt à bouffer tout ce qui passerait vers elle.
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Tu n'es pas ma fille ! ... Ah bah si. |
Je suis devenue assez sceptique des
adaptations de Stephen King. Après l'excellent
Shining, l'angoissant
Fenêtre secrète et le terrible
Misery, on trouve aussi le passable
The Mist, le peu palpitant
Christine et le fort décevant
Peur bleue. Je pense que le gros problème est de retranscrire l'horreur et le fantastique à l'état pur, alors que les films américains doivent la plupart du temps trouver une raison psychologique, culpabilisante ou autre. C'est un gros problème pour adapter du Stephy... Et c'est la raison pour laquelle je n'espère pas que la Tour Sombre soit adaptée un jour... Oh, mais bien sur que si, au diable les problèmes d'adaptation !
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Ouais, j'en suis aussi toute retournée |